Conférences : 10 conseils pour être sélectionné·e à un CFP - RÉPONDEUR #11

Saison 2 25:26

Vous êtes bien sur le répondeur de Human Coders.

Dans cet épisode, on parle de CFP (Call for Papers) et de comment être sélectionné·e pour parler en conférence. Nos invité·e·s te partagent leurs conseils, en tant qu'orga de conférence ou meetup, pour bien te préparer.

•• TIMECODES ••

00:00:00 Introduction
00:01:19 Emmanuel Demey
00:05:43 Etienne Delagneau
00:08:27 Virginie Pageaud
00:12:45 Fabien Plart
00:15:37 Sylvain Wallez

••NOS FORMATIONS••
https://www.humancoders.com/formations

•• GUESTS ••

Emmanuel Demey, formateur Elastisearch, React et en Accessibilité numérique chez Human Coders et orga du DevLille
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https://x.com/emmanueldemey?lang=fr
https://www.humancoders.com/formateurs/emmanuel-demey

Etienne Delagneau, Instructeur et chef de projet pour l'École de l'air et de l'espace et organisateur d'event à thématique cyber
https://www.linkedin.com/in/etienne-d-9598b0236/

Virginie Pageaud, Customer Support Engineer chez Quarksla, conférencière et membre de l'équipe d'organisation du SnowCamp
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Fabien Plart, Freelance et organisateur des Human Talks Grenoble
https://www.linkedin.com/in/fabien-plart/

Sylvain Wallez, Tech Lead chez Elastic, speaker et co-organisateur de DevFest Toulouse
https://www.linkedin.com/in/swallez/
https://x.com/bluxte
https://bsky.app/profile/swallez.com

Sommaire de l'épisode
00:00:00 Introduction
00:01:19 Emmanuel Demey
00:05:43 Etienne Delagneau
00:08:27 Virginie Pageaud
00:12:45 Fabien Plart
00:15:37 Sylvain Wallez
Transcription de l'épisode

Matthieu Segret (Human Coders)

Bonjour à toutes et à tous, je suis Matthieu et vous êtes bien sur le répondeur des Human Coders.

Je suis content d'être avec vous pour cette nouvelle édition de ce podcast où l'on va parler de techno, de pratiques de développement ou de sujets plus généraux, mais toujours en lien avec l'informatique. Le concept de ce podcast est assez simple : dans chaque épisode, je vous pose une question et vous pouvez me répondre par vocal.

Aujourd'hui, je pense aux conférences tech. Tu as peut-être déjà repéré celles auxquelles tu aimerais participer cette année. Et peut-être que cette fois-ci, tu voudrais te lancer et devenir intervenant à ton tour. Tu as trouvé un sujet qui te tient à cœur, que tu aimerais partager. Mais au moment de répondre au fameux Call for Paper, le CFP de ta conférence préférée, tu te poses pas mal de questions. Comment trouver le bon angle ? Comment écrire un titre qui accroche ? Comment prouver ta crédibilité sans trop en faire non plus ?

Alors maintenant, je m'adresse à celles et ceux qui ont un peu d'expérience sur ce sujet. Quels sont les conseils que tu pourrais donner pour être sélectionné à un CFP ? Comment est-ce que tu choisis et cadres ton sujet ? Quelles erreurs sont à éviter absolument quand tu soumets ? Est-ce que tu as une anecdote ou une expérience sympa à nous raconter sur ce sujet ?

Vous êtes bien sur le répondeur des Human Coders, laisse-nous un message après le bip.


Emmanuel Demey

Organisateur du DevFest Lille et formateur

Bonjour Matthieu. Ici Emmanuel Demey, organisateur du DevLille (anciennement le DevFest Lille) et également formateur chez Human Coders sur des formations comme React, Vitesse ou encore sur l'Accessibilité Numérique.

On a créé le DevLille en 2017 et en 2025, nous sommes arrivés à une conférence de deux jours accueillant 1 500 personnes dans la plus grande salle de Lille. Les CFP, c'est donc quelque chose que l'on rencontre tous les ans. Je vais essayer de partager deux petites astuces, ou en tout cas des choses auxquelles je fais attention quand je dois relire les CFP.

Premièrement, la proposition doit être bien travaillée et doit donner envie. Le texte que vous allez écrire dans le logiciel choisi par les organisateurs (Conference Hall ou autre), ce texte-là et celui présentant le conférencier seront normalement les textes publiés sur le site web de l'événement. Si ce texte ne donne pas envie aux participants le jour J, votre salle sera vide et cela sera problématique pour vous, pour les participants et aussi pour les organisateurs. Donc, si vous ne travaillez pas correctement votre texte, peut-être que les organisateurs se diront : « Dommage, il n'a pas travaillé son texte, il ne donne pas trop envie d'aller voir sa conférence, on risque d'avoir une salle à moitié vide le jour J ». Essayez de travailler pour le mieux ce petit texte. On ne demande pas d'écrire un roman, mais d'argumenter et de donner envie de venir voir votre conférence.

Le deuxième sujet : le sujet que vous allez aborder doit intéresser les gens et être facilement applicable le lendemain quand ils retourneront chez leurs clients ou dans leurs entreprises. Il faut éviter d'avoir des sujets un peu datés ou des sujets qui ont été abordés énormément de fois à d'autres conférences, ou pour lesquels il existe une multitude de vidéos en ligne. Essayez de vous démarquer de ça. Essayez de proposer des sujets qui sortent du lot et qui proposent vraiment une valeur ajoutée aux participants.

Nous, quand on essaie de faire l'agenda sur les 40 conférences pendant l'événement (alors qu'on a reçu plus de 400 propositions), on essaie de faire un premier lot de sélection. Imaginons qu'on en sélectionne 50 ou 60. Après, on se définit des personas (développeur Web, développeur Back, consultant DevOps, etc.) et on essaie, pour chaque créneau dans l'agenda, de mettre une conférence qui donne envie et qui est applicable tout de suite dès le lendemain en entreprise pour cette personne-là.

Ou alors, peut-être que ce n'est pas applicable tout de suite, mais que ça leur « ouvre les chakras » et que, à un moment donné, cela puisse être utilisable. Je prends par exemple le cas d'un développeur Web : pour tous les sujets Web, bien évidemment, on va essayer de ne pas les mettre en parallèle pour qu'il puisse tous y aller. Mais s'il y a des sujets un petit peu loin du développement Web, comme la CI/CD ou autre, on va pouvoir quand même le mettre dans son agenda parce que ça peut être utile plus tard pour cette personne.

Bien sûr, si on a 100 propositions sur l'IA générative, malheureusement, même si les 100 talks sont super bien, super bien écrits et qu'ils donnent tous envie de venir les voir, on ne pourra jamais recevoir 100 talks parce que le but, c'est d'avoir une conférence diversifiée. Donc, au maximum, on va en prendre deux ou trois. Si vous proposez des sujets qui sont sur-représentés, il y a un pourcentage de malchance pour que votre sujet ne soit pas retenu.

Voilà pour moi. Bonne journée à toutes et à tous.


Etienne Delagneau

Instructeur, chef de projet et organisateur d'événements Cyber

Salut Matt, c'est Etienne. J'étais sûr de tomber sur ton répondeur. Pas grave, tu voulais des conseils pour être sélectionné à un CFP ? J'ai eu l'occasion de participer six fois à un processus de sélection côté orga : à la fois pour Hack-See (un événement d'ateliers de conférence sur le hacking) et CyberSud (un symposium sur la cybersécurité organisé par le centre d'excellence Cyberdéfense Aérospatiale à l'École de l'Air et de l'Espace).

Après l'événementiel, ce n'est pas mon métier, je ne te parlerai que de mon expérience et j'imagine que le procédé peut varier d'un événement à l'autre selon la notoriété, la thématique ou le format. En tout cas, de mon expérience, je vois deux voies.

En premier, la voie royale : par le réseau. Sur nos événements, les organisateurs contactent d'abord des personnes qu'ils connaissent, qu'ils apprécient, qu'ils aimeraient voir intervenir sur leur thématique. Et puis il y a les recommandations de ce premier cercle : « Tiens, tu devrais inviter cette personne, elle est top sur ce sujet-là ». Être contacté, c'est clairement la situation la plus agréable, on vient te chercher. Donc le conseil ici, c'est de publier, partager, se rendre visible. Que ton travail, ta passion, tes recherches... plus tu es visible et accessible, plus tu auras de chances d'être repéré et qu'on vienne te chercher pour un CFP.

Mais peut-être que la deuxième voie répondra mieux à ta question de départ, c'est-à-dire : comment faire partie des propositions retenues ? Je te conseillerais d'adapter ton intervention au format et aux attentes de l'organisation. Petit tips : n'hésite pas à provoquer un échange, un mail, un téléphone, pour bien comprendre ce qu'ils recherchent. On dit souvent qu'il faut s'adapter à son public, mais il est aussi important de rester en phase avec la ligne directrice de l'événement (technique, vulgarisation, rythme, style, durée). Autant d'éléments qui garantissent la pertinence de ton intervention et de ta contribution.

Ensuite, il y a l'originalité. Mets en avant ce qui te rend unique par rapport aux autres intervenants. En tant qu'organisateur, on aime proposer un programme varié pour le public, donc la touche personnelle est clairement un atout. À l'inverse, si ton sujet ressemble à celui que d'autres pourraient proposer, il y aura forcément de la concurrence. Et là, ça se joue souvent sur la qualité perçue des interventions et des coûts potentiels des différents défraiements.

Un dernier conseil : fais un CFP clé en main, facilement exploitable. Un titre court qui attire l'œil (pour une vision infographique du programme) avec des titres longs qui se veulent descriptifs, c'est une horreur. Une phrase ou deux de description simple et claire pour donner la genèse (elle sera souvent reprise, que ce soit dans le programme ou même par les animateurs et l'orga). Un abstract d'environ 150-250 mots (au pire on vous le précise) pour donner le ton et le contenu. Une brève description personnelle avec un éventuel lien vers un site ou quelques références, ça aide.

Au final, un bon CFP, c'est un peu comme une bonne conf : ça se prépare, ça s'adapte. L'idée n'est pas de se vendre, mais de donner envie de t'écouter. Avec un sujet sincère, visible, original et bien présenté, tu augmentes largement tes chances.

Voilà, c'est tout pour mon retour. Maintenant à toi de jouer, fais-nous rêver avec ton CFP. Ciao !


Virginie Pageaud

Ingénieure support chez QuarksLab et organisatrice du SnowCamp

Salut Matthieu ! Ici Virginie Pageaud, je suis ingénieur support chez QuarksLab. J'ai entendu que tu cherchais des conseils à donner aux personnes qui voudraient soumettre des candidatures en CFP.

Alors ça tombe bien, puisque je suis membre de l'équipe d'organisation du SnowCamp, une conférence qui se tient à Grenoble depuis 10 ans. Je gère notamment le "Tremplin" dont le but est d'accompagner les personnes qui voudraient se lancer en tant que speaker.

Une chose à avoir en tête lorsque l'on va soumettre sa candidature à une conférence, c'est que l'équipe d'organisation va recevoir en moyenne cinq fois plus de candidatures que de places disponibles. Donc la concurrence est rude, et ce n'est pas parce que votre talk a été refusé qu'il est de mauvaise qualité.

Pour se démarquer, essayez d'aborder un sujet nouveau. Évitez les sujets vus et revus (vérifiez dans les programmations des années précédentes si le sujet que vous souhaitez aborder a déjà été présenté). On peut essayer aussi de créer le talk qu'on aurait aimé voir soi-même mais qu'on n'a jamais trouvé.

Une autre façon de bien se démarquer, c'est d'adapter sa candidature à la thématique de la conférence lorsqu'il y en a une. Par exemple, pour le SnowCamp, on va avoir une thématique qui tourne autour de la montagne. Donc toutes les candidatures qui vont reprendre cette thématique dans leur forme vont nous plaire un petit peu d'avantage.

Alors, on va ensuite avoir :

  1. Le titre : C'est ce qui va apparaître dans la programmation. C'est parfois la seule chose que les personnes qui viendront à la conférence regarderont pour choisir les talks qu'elles iront voir. Il faut qu'il soit clair. Il faut mentionner bien évidemment la technologie dont vous allez parler ou le type d'activité. Est-ce que vous allez faire part d'un retour d'expérience ? On peut essayer de répondre à la question "Comment ?", "Pourquoi ?" ou indiquer ce que l'on va faire découvrir, apprendre ou chercher à faire comprendre pendant notre présentation.
  2. L'abstract : C'est la présentation détaillée de votre talk. Elle apparaît souvent aussi dans la programmation, mais pas forcément directement (on va des fois avoir besoin d'aller cliquer sur le titre pour accéder à ce détail). Il faut qu'il soit également clair. Soignez la présentation, la mise en page, l'orthographe. Et indiquez quelle promesse vous comptez faire à l'auditoire. Qu'est-ce qu'on va apprendre à la fin de votre talk ? Personnellement, je préfère aussi quand les abstracts ne sont pas trop longs, parce qu'il m'arrive de les consulter les jours de conférence pour choisir ce que je veux aller voir. Quand c'est trop long, ça peut me décourager, mais c'est vraiment un avis personnel. L'abstract, ça va être aussi le reflet de votre talk. Un abstract peu soigné ou bâclé va renvoyer l'image d'un talk qui risque d'être peu soigné et bâclé, et qu'on n'aura pas forcément envie de retenir en tant que membre du comité d'organisation.
  3. La section des références (Private notes) : Celle-ci normalement n'est visible que de l'équipe d'organisation. Là, on va pouvoir mettre un peu plus de détails sur ce qu'on va aborder. On peut mettre le plan détaillé (avec pourquoi pas les durées de chaque section), des liens vers les slides si vous en avez, les documents de référence qui vous ont permis de construire votre présentation, éventuellement une captation si vous avez déjà eu la possibilité de donner votre talk dans une autre conférence. Vous pouvez également indiquer vos motivations : qu'est-ce qui vous a poussé à créer ce talk ?
  4. La biographie : Cette biographie est également affichée sur le site de la conférence. Donc présentez-vous, indiquez dans quoi vous travaillez, où est-ce que vous travaillez. Tout ce qui peut aussi convaincre l'équipe d'organisation que vous maîtrisez le sujet que vous présentez. Vous pouvez également indiquer si vous avez déjà participé à des meetups ou des confs (s'il y en a beaucoup, indiquez-les plutôt en référence).

J'espère que ces petits conseils vous aideront à créer vos candidatures et j'ai hâte de lire vos candidatures pour le SnowCamp. À bientôt !


Fabien Plart

Freelance et organisateur des Human Talks Grenoble

Hello Matt, c'est Fabien. Je suis actuellement freelance en développement web et également organisateur des Human Talks à Grenoble.

Chez nous, on voit passer pas mal de profils et de talks différents et j'ai envie de partager quelques conseils sur les CFP.

Déjà, pour trouver un bon angle, quand tu réponds à un CFP, le plus important c'est d'avoir un sujet vivant. Quelque chose que tu as vraiment expérimenté, pas juste un concept que tu as lu. On le sent tout de suite quand c'est vécu. Chez les Human Talks, les talks les plus marquants viennent souvent d'expériences personnelles : un échec, une découverte technique, un déclic humain.

Adapte le format à ton public. Ça, c'est un conseil que je donne souvent : il faut tester son talk dans un format court avant de viser une grande conférence. C'est un peu comme le stand-up en fait. Les humoristes ne montent pas sur scène tout de suite avec un spectacle complet. Non, ils vont dans des petites salles, testent leurs blagues sur des scènes ouvertes, ils observent les réactions du public. Surtout, ils ajustent le rythme et les punchlines. Pour un talk, c'est exactement pareil. Il faut tester sur un format court, comme aux Human Talks par exemple. Ça te permet d'affiner ton message, sentir ce qui fonctionne, gagner en aisance avant de passer à plus grand.

Travailler la clarté et l'énergie, c'est essentiel. On a déjà vu des orateurs arriver sur un sujet super pointu mais sans cadrage clair. Ça devient vite un mur de slides incompréhensibles et là, tu perds tout le monde. Même si le fond est brillant, le message ne passe pas. À l'inverse, ceux qui prennent le temps de poser une histoire claire, un message principal fort et une énergie sincère, ils captivent tout de suite l'audience.

En fait, le but de l'orateur ce n'est pas d'impressionner par la complexité, mais c'est de transmettre. Parce qu'un talk qui est confus, aussi technique soit-il, peut être un vrai désastre. Alors qu'un talk simple et vivant, lui, il va marquer les esprits.

Il y a des choses qu'on apprécie vraiment chez des bons speakers. La différence, souvent, c'est la préparation et l'interaction. Je pense notamment à Nathalie Coté, qui a préparé sa présentation en intégrant des interactions avec le public. Le résultat ? Il y avait une ambiance super conviviale et des échanges riches. Il y a même une interaction à la fin où le public partageait ses propres expériences en lien avec la présentation de Nathalie. Ce genre de moment crée un lien et ça enrichit réellement la présentation que Nathalie peut transmettre.

En résumé :
* Dans ton prochain Call for Paper, choisis un sujet que tu vis au quotidien.
* Pense à tester en format court, d'abord avec toi-même, peut-être avec des amis tech, ou avec des conférences tech que tu peux avoir autour de toi.
* N'oublie pas de garder un message très clair et sincère.
* Et surtout amuse-toi, parce que quand tu t'amuses, le public va s'amuser avec toi.

A plus !


Sylvain Wallez

Tech Lead chez Elastic, speaker et co-organisateur du DevFest Toulouse

Ouais salut Matthieu, c'est Sylvain Wallez. Tu nous as demandé des conseils pour être sélectionné à un CFP, pour être accepté à une conférence. Alors moi je suis Tech Lead chez Elastic, mais surtout je suis speaker de très longue date et plus récemment, depuis quelques années, je fais partie de l'organisation de DevFest Toulouse. Donc j'ai un petit peu la double casquette et je vois les deux côtés de la chose.

Déjà, je dirais, avant de commencer à vouloir être speaker dans une conférence, c'est bien de s'entraîner, de tester le terrain en allant dans des meetups. Les meetups, c'est cool parce que ce sont des environnements qui sont moins exigeants que les conférences. Souvent d'ailleurs les meetups cherchent des speakers. Il y a moins de contraintes de temps, l'audience est plus limitée, souvent aussi plus bienveillante (ce ne sont pas des gens qui ont payé leur ticket et qui exigent un certain niveau de qualité). Donc, déjà, entraînez-vous et testez la chose dans les meetups, ne serait-ce que déjà pour savoir si parler au public, ça vous plaît.

Ensuite, quand on attaque une conférence, le premier problème c'est : quel sujet ? J'ai envie de dire, il y a plein de sujets possibles. Le point primordial, c'est qu'il faut que ce soit un sujet qui vous intéresse, sur lequel vous avez vraiment des choses à dire. Parce que quand on fait une conférence, il faut qu'on délivre un message, mais aussi qu'on le délivre de manière agréable, enthousiaste et qu'on donne des choses qui font plaisir à entendre à l'audience. Si le but du jeu c'est juste d'être speaker mais que vous n'avez pas vraiment de sujet qui vous botte, j'ai envie de dire, ce n'est pas la peine.

Après, comment choisir son sujet ? Là, il y a un petit peu de tactique. Il y a des thèmes qui sont extrêmement populaires (en ce moment c'est l'IA, il y a quelques années c'était Kubernetes). On a probablement des choses à dire là-dessus, mais il faut savoir que vous allez être en concurrence avec tout un tas de gens sur le même sujet. Et quand on fait une conférence, on ne veut pas que la conférence soit uniquement autour de l'IA, donc on va forcément limiter le nombre de talks sur ce sujet. Donc il y a plus de concurrence dans ce domaine. Si vous êtes débutant sur le circuit des conférences, peut-être choisir des sujets un petit peu plus niches, sur des thèmes qui sont abordés moins fréquemment. Ça vous permettra de sortir du lot, surtout vis-à-vis de speakers très expérimentés qui, eux, vont plutôt être dans les sujets mainstream.

Ensuite, il y a la rédaction du CFP lui-même. Ah si, j'oubliais ! Souvent aussi les conférences proposent soit des conférences de 45-50 minutes, soit ce qu'on appelle souvent des Quickies qui sont plutôt 15 ou 20 minutes. Il y a moins de concurrence sur les Quickies. Le Quickie, c'est petit, c'est malgré tout un exercice difficile (condenser tout ce qu'on a à dire en 20 minutes, ce n'est pas forcément évident), mais c'est aussi un moyen d'augmenter ses chances parce qu'il y a moins de candidats.

Pour finir là-dessus aussi, il faut savoir que par exemple au DevFest Toulouse, on reçoit 300 propositions pour 40 à 50 slots disponibles. Ça veut dire que l'énorme majorité des propositions sont rejetées. Si votre proposition est rejetée, ce n'est pas parce qu'elle est mauvaise (elle peut l'être hein, évidemment), mais c'est aussi parce qu'il y a beaucoup de propositions. Il faut qu'on fasse le tri, qu'on fasse un choix. Donc ce n'est pas parce que vous êtes refusé que la proposition n'est pas bonne, il faut réessayer.

Après, il y a la rédaction du CFP, la proposition. Et là, il y a des techniques. Déjà, il faut être très conscient que c'est un exercice qui est très différent du talk lui-même. C'est un exercice de rédaction, c'est un exercice de marketing. La réponse au CFP, c'est la plaquette publicitaire de votre talk. Aussi bien à destination des gens qui font la sélection, que ensuite des participants à la conférence qui vont regarder le programme et qui vont décider ou pas de venir vous voir. Comme dans tout document marketing, il faut le structurer de façon à capter l'attention du lecteur, le retenir et l'embarquer avec vous pour que vraiment il ait envie de regarder votre talk.

  1. Le titre : Le titre est important pour la sélection mais aussi pour les participants. Quand on regarde un programme de conférence, on scanne les titres. Si le titre n'est pas accrocheur, on zappe. Il doit être clair, il doit poser la thématique, expliquer de quoi ça va parler. Il doit attirer l'œil. Évitez les jeux de mots qui sont souvent liés à une interprétation pour laquelle les gens n'ont pas forcément la référence. Ça peut être sympa un jeu de mots, mais c'est souvent à double tranchant.
  2. La description du talk : Si vous allez voir sur les sites des conférences, vous allez trouver que ceux qui sont sélectionnés ont souvent une structure très similaire.
    • Ça commence par placer un contexte : De quoi vous allez parler ? Quel est le problème ? (Souvent c'est : "Vous avez rencontré tel truc, comment on peut faire ?"). Une question.
    • De là, vous élaborez sur le sujet dont vous allez parler : le problème que vous allez traiter, la nouveauté que vous allez présenter, un retour d'expérience... Vous décrivez un petit peu ce que vous allez raconter.
    • Il faut finir par ce que l'audience va retirer de votre présentation. Moi j'ai vu des gens qui disent "Ouais mais je ne veux pas spoiler parce que je ne veux pas tout dévoiler, je veux garder de la surprise". Pour moi c'est une erreur. On n'est pas dans une critique de film où vous ne voulez pas dévoiler la fin. Là au contraire, les gens veulent savoir pourquoi est-ce qu'ils vont passer 45 minutes avec vous. Si on ne sait pas avec quoi on repart à la fin, on n'a peut-être pas forcément envie de venir.
  3. Les notes aux organisateurs : C'est ce que le public ne voit pas, mais qui est important pour les gens qui font la sélection. Donnez plus de détails sur la présentation. En particulier, vous pouvez donner une ébauche de plan. Moi je dis toujours : si vous faites une nouvelle conférence, ne commencez pas à l'écrire avant d'avoir été accepté (ce n'est pas forcément la peine d'investir du temps). Par contre, vous devez déjà avoir un plan en tête. Vous pouvez aussi donner des références. Si vous avez déjà donné le talk, mettez des liens sur des vidéos, peut-être les slides. Sinon, sur d'autres talks que vous avez faits. C'est important pour les gens qui font la sélection d'avoir un petit peu une idée de vos qualités de speaker. Parce qu'une conférence a aussi une politique éditoriale, on veut de la qualité. Ceci dit, si vous êtes primo-speaker, c'est bien de le dire. Parce que si y'a pas de référence, on se dit "celui-là il ne fait pas d'effort". Alors que si vous dites simplement "Je suis primo-speaker, mais j'ai déjà fait des présentations dans mon entreprise, à des meetups, etc.", là ça vous positionne dans le processus de review.

Et puis après, un truc important que j'ai constaté moi en tant qu'organisateur, c'est qu'il faut se relire et surtout se faire relire. On a vu des gens qui nous envoient des propositions où, en gros, ils sont tellement dans leur sujet qu'ils utilisent des acronymes qu'on ne connaît pas, ils prennent des raccourcis, ils font des suppositions... Ce qui fait qu'on ne comprend rien en fait. Faites-vous relire, demandez à des personnes qui ne sont pas forcément expertes dans votre sujet ce qu'elles en pensent. Ça vous aidera à affiner la chose à la fois en termes de rédaction, de lisibilité, mais aussi en termes d'accessibilité au niveau compréhension de votre proposition.

Un point auquel il faut faire attention aussi, c'est le storytelling. C'est bien d'avoir un fil rouge, une petite histoire qui sous-tend tout votre talk parce qu'il faut une certaine cohérence, une certaine progression. Par contre, moi j'ai vu des talks où le storytelling prend le pas complètement sur le fond. Et là, bon bah... finalement on sort de là, on presse, il ne reste plus grand-chose. Faites attention à ça, c'est à manier avec délicatesse.

Ce que je viens de vous raconter là, c'est un peu un résumé d'un article que j'ai écrit sur le blog de DevFest Toulouse. Pour aller le voir, vous allez chercher (dans le menu il n'est pas forcément très visible, il y a un élément "Actualités" dans la navigation du site) et de là vous trouverez ce billet de blog qui s'intitule "Proposer une conférence, la réponse au CFP".

Voilà, j'espère que ça vous aidera. Ciao !


Matthieu Segret (Human Coders)

Hello c'est de nouveau Matthieu. Merci encore pour vos messages. J'espère que vous avez eu autant de plaisir que moi à les écouter. Si vous avez aimé ce podcast, n'hésitez pas à liker ou à nous suivre sur Spotify ou Apple Podcast.

Nous construisons ce podcast avec vous, donc n'hésitez pas à nous proposer des idées pour les prochains sujets ou encore à participer aux prochains épisodes sur humancoders.com/podcast.

D'ici là, prenez soin de vous et je vous dis à bientôt dans un prochain épisode.

Informations sur l'épisode
Date de publication
Saison
2
Durée
25:26
Formateur·rice·s
Série
Human Coders Podcast
Pour aller plus loin

Consultez l'article sur notre blog pour approfondir le sujet.